“Denali” : un thriller glauque et cruel façon Netflix au théâtre Marigny

“Denali” : un thriller sombre et cruel inspiré de faits réels au Studio Marigny

 

Auteur, comédien et metteur en scène, Nicolas Le Bricquir propose, avec Denali, une pièce aussi efficace que diabolique écrite sur-mesure pour la génération Z. Inspiré d’un fait divers survenu en 2019, en Alaska, au bord de la rivière Eklutna près de la municipalité d’Anchorage, ce spectacle reprend les codes de Netflix, la plateforme de streaming américaine que l’on ne présente plus. Mais cette fois, l’intrigue de la série télévisée en plusieurs épisodes se déploie sur la scène du studio Marigny. Nicolas Le Bricquir détourne ainsi les codes du théâtre en intégrant un écran translucide à sa pièce. Résultat : un générique d’introduction, une bande originale ultra contemporaine – de The Weeknd à Tinashe – et des scènes du petit écran qui déconstruisent le récit… pour mieux le refaçonner.

 

 

 

 

Les répliques crues d’une jeunesse déconnectée du réel

 

Qu’on se le dise, Denali s’inspire tout autant du Twin Peaks de David Lynch que des œuvres morbides du Norvégien Jo Nesbø. Et pour cause, Nicolas Le Bricquir n’a jamais caché son amour pour Mindhunter, le programme avorté de David Fincher (écrit justement pour Netflix), pour le Fargo des frères Cohen ou pour la série d’anthologie True Detective dont la quatrième saison met en vedette une Jodie Foster formidable. Thriller implacable, cruel et féroce, Denali met en lumière des adolescents dont l’insouciance se heurte à la violence du réel. Deux détectives cherchent à élucider le meurtre de Cynthia, 19 ans, abattue froidement d’une balle dans la nuque en pleine forêt. Mais lorsque les investigations traditionnelles font d’ordinaire état de traces de sang et d’empreintes digitales partiellement effacées, il est ici question de vidéos glaçantes et de conversations mystérieuses – projetées pour l’occasion sur un écran – issues des Smartphones d’une jeunesse désœuvrée qui rêve de s’extirper de sa misère sociale.

 

Réservée à un public averti – un thème glauque et des répliques volontairement crues évoquant notamment des actes pédophiles – Denali brille par la façon dont elle brise le quatrième mur mais aussi par la scénographie efficace, insolite voire déconcertante, de Juliette Desproges. On s’amuse alors de nos propres habitudes de visionnage moderne. Prix du public 2021 du Concours du Théâtre 13, la pièce présentée lors du festival Off Avignon en juillet 2023 se poursuit donc au studio Marigny

 

Denali, studio Marigny le lundi et mardi à 20h30, le 27 janvier à 16h et 20h30 et le 28 février à 20h30.