Yahya Abdul-Mateen II, héros ensorcelant de “Candyman” et nouvelle star d’Hollywood
À l’affiche du terrifiant et politique Candyman qui sort ce mercredi 29 septembre au cinéma, Yahya Abdul-Mateen II s’impose à 35 ans comme l’un des grands noms qui embrasent Hollywood. Portrait d’un acteur passionnant, aussi athlétique que militant.
Par Violaine Schütz.
On se souvient encore avec émotion de ses pas de danse torrides dans l’excellente série sur le disco produite par Baz Luhrmann pour Netflix, The Get Down (2016). Yahya Abdul-Mateen II y incarnait Clarence « Cadillac » Caldwell, un gangster borderline dont la mère dirige un club très prisé du Bronx (ainsi qu’un gros trafic de drogues). Dans le rôle de prince de la nuit aussi dangereux que sexy, l’acteur d’1m91 prouvait au monde entier qu’il excellait en matière de souplesse presque de l’ordre de l’élasticité. Et c’est justement cet art du grand écart qui va devenir la marque de fabrique de l’artiste et contribuer à le hisser parmi les noms les plus bankable d’Hollywood. Et ce, malgré un refus constant de transiger dans ses choix filmiques ou de raccourcir son patronyme comme le lui suggérait à ses débuts, de façon pressante, l’industrie cinématographique.
Né en 1986 à La Nouvelle-Orléans, d’un père musulman et d’une mère chrétienne, Yahya Abdul-Mateen, a pourtant d’abord choisi une autre voie que celle du septième-art. S’il aimait Denzel Washington quand il était enfant, il rêvait surtout de devenir plus tard Michael Jackson. Au lycée, le petit dernier d’une famille nombreuse naviguait entre plusieurs univers, jouant avec brio dans une équipe de football américain, s’adonnant aux échecs avec les geeks et remportant le titre du roi de promo lors du fameux bal de fin d’année scolaire. Diplômé en architecture de l’université de Californie à Berkeley, il choisit finalement un autre camp en œuvrant un temps comme urbaniste à San Francisco, avant de se faire virer. Heureusement, ses cours de théâtre pris en dilettante pendant ses études lui inspirent un nouveau chemin. Déterminé et malin, il réussit à intégrer l’école d’art dramatique de Yale et à jouer dans des pièces de théâtre. Mais les planches ne vont pas l’héberger longtemps… Car un an après sa première prestation audiovisuelle incendiaire dans The Get Down, ses muscles saillants et son visage expressif sont partout.
Sculptural, charismatique et débordant d’humanité, l’acteur peut absolument tout jouer, enchaînant un drame Sundance sur un écrivain qui disparaît (Sidney Hall, 2017) avec un film d’action, Baywatch : Alerte à Malibu où il campe un d’officier de police. À l’aise dans le grand bain du cinéma populaire, il illumine la comédie musicale flamboyante The Greatest Showman avec Hugh Jackman et marque les esprits dans le blockbuster Aquaman (2018). Dans cette adaptation du comic aquatique, il incarne Black Manta, l’ennemi juré de Jason Momoa au regard destructeur et au passé douloureux. Une facette sombre et inquiétante qui n’effraie pas Yahya Abdul-Mateen. Il apparaît en effet au générique du film d’horreur Us (2019) de Jordan Peele et du très attendu prochain volet de la saga gothique-cyber-punk Matrix (2021). L’acteur y reprend le rôle de Laurence Fishburne, celui du mythique hacker Morpheus dont le look ne cesse d’inspirer la mode.
Comble du luxe, depuis qu’il a remporté un Emmy en 2020 pour son rôle de mari au foyer d’une justicière qui lutte contre les suprémacistes blancs dans la série Watchmen, Yahya a l’infini privilège de pouvoir choisir ses projets. Il se laisse alors le plus souvent guider par son combat contre le racisme afin de construire une carrière qui fait sens. Sur son compte Twitter, il n’hésite pas à partager sa colère et sa douleur quand un Noir se fait abattre par un policier blanc. Il en va de même pour sa présence à l’écran, qui place les questions politiques au premier plan. L’effrayant Candyman, qui sort ce mercredi 29 septembre et dans lequel il joue le rôle principal, questionne avec brutalité le spectateur sur les inégalités raciales et la gentrification des quartiers pauvres aux États-Unis. Avant ça, on a aperçu l’acteur qui se dit investi d’une mission dans des séries au message sociétal fort telles que The Handmaid’s Tale et Black Mirror. Pour conserver cette exigence, le héros du puissant Les Sept de Chicago (2020) voudrait faire une pause et recharger ses batteries. Voir encore plus sa famille et ses amis qui n’appartiennent pas à son milieu. Mais sa présence dans deux aventures d’envergure prévues pour 2022 – Ambulance de Michael Bay et Mad Max: Fury Road, Furiosa – ne devrait pas lui permettre de se reposer dans le loft qu’il rêve de s’acheter à New-York dans un futur proche.
Candyman (2021) de Nia DaCosta, actuellement en salle.