Les Trois Mousquetaires : que vaut le film d’aventures avec Eva Green et François Civil ?
Très attendu, le premier volet du diptyque Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan met en scène Eva Green, François Civil, Romain Duris et Vincent Cassel dans une histoire de cape et d’épée adaptée du célèbre roman d’Alexandre Dumas. Mais le film d’aventures, qui sort ce mercredi 5 avril au cinéma, est-il à la hauteur de ses ambitions ?
par Violaine Schütz.
Alors que Le Comte de Monte-Cristo fera l’objet d’un film en 2024, avec Pierre Niney, un autre livre culte d’Alexandre Dumas a droit, cette année, à son adaptation. Le plus célèbre des romans de l’écrivain français, d’abord publié sous forme de feuilleton dans le journal Le Siècle en 1844, a été transformé en deux films par Martin Bourboulon, le réalisateur du décevant Eiffel (2021) avec Romain Duris.
Un casting jubilatoire avec François Civil, Eva Green et Vincent Cassel
Le premier volet du diptyque, Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan, qui sort ce mercredi 5 avril au cinéma, met en scène la rencontre mouvementée (et mal partie) du Gascon débarqué à Paris d’Artagnan avec les trois mousquetaires ainsi les manigances de Milady, sur fond de guerre de religion et de mésentente entre la France et l’Angleterre. Il y est question des ferrets donnés par Anne d’Autriche (Vicky Krieps vue dans Corsage, Phantom Thread) à son amant, le duc de Buckingham (Jacob Fortune-Lloyd, aperçu dans Le jeu de la dame) qui doit être à tout prix récupéré par l’intrépide d’Artagnan pour éviter un énorme incident diplomatique. Pour porter cette histoire romanesque, on découvre un casting prestigieux et plus que convaincant. Eva Green incarne la maléfique, envoûtante, séductrice et manipulatrice Milady tout droit sortie d’une BD. À ses côtés, Vincent Cassel, très critiqué pour ses propos tenus récemment dans le Guardian (« Si les hommes deviennent trop vulnérables et trop féminins, je pense qu’il va y avoir un problème ») est le mousquetaire le plus tourmenté, Athos, qui est accusé de féminicide. Et Pio Marmaï et Romain Duris sont les mousquetaires beaucoup plus délurés Porthos (qui assume pleinement sa bisexualité) et Aramis, qui possède l’aura d’une rock star avant l’heure. Pour le rôle principal, François Civil prête sa malice, son beau visage juvénile (et ses muscles) à l’impertinent d’Artagnan et Louis Garrel s’installe dans le trône du roi Louis XIII. Pour ne rien gâcher à l’affaire, Lyna Khoudri apporte sa candeur et sa grâce à Constance Bonacieux, l’objet de désir et d’affection du jeune d’Artagnan. Des premiers aux seconds rôles, tous les acteurs ‘avèrent brillants, faisant preuve de panache et alternant joyeusement entre cascades spectaculaires et moments de fraternité émouvants. Ils contribuent, par leur justesse, leur fougue et le plaisir presque enfantin qu’ils semblent prendre à jouer dans cette superproduction, à dépoussiérer Dumas pour lui apporter de nouvelles couleurs.
Les Trois Mousquetaires : un diptyque époustouflant à 72 millions d’euros
Après le mauvais accueil critique réservé à Astérix et Obélix : L’Empire du milieu, la saga de cape et d’épée (dont le deuxième volet, centré sur le personnage de Milady sortira le 13 décembre 2023) était l’une des superproductions françaises les plus attendues de l’année. Les studios Pathé ont investi 72 millions d’euros dans le projet, ce qui pourrait bien redonner envie au public de retourner dans les salles obscures plutôt que de regarder des séries et des films sur les plateformes de streaming. Dans le magazine Le film français, Dimitri Rassam, le producteur du diptyque avait expliqué ses ambitions : “J’avais une envie de fresque familiale, d’aventures avec un grand A. Les Trois Mousquetaires cochait toutes les cases. Je vois Les Trois Mousquetaires comme une réponse aux franchises américaines. C’est cette ambition que nous voulons porter.” Pari réussi : cette fresque qui réunit charme historique, amour, amitié, humour, action et suspense séduit, même si l’on reste dubitatif concernant sa chromie (qui tire constamment vers des tons jaunis). Avec ses huit mois de tournage en décors réels (à Saint-Malo, Chantilly ou Fontainebleau), ses 9000 figurants, ses 200 cascadeurs et 650 chevaux, le film d’action très rythmé (qui emprunte aux codes du western autant qu’à ceux du thriller), attachant et épique fait ressortir l’âme d’enfant qui sommeille en chaque spectateur, le clouant à son siège, sans une minute de répit ou d’ennui. Du grand divertissement fédérateur et spectaculaire, comme les Anglo-Saxons (notamment Ridley Scott) savent si bien le faire…
Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan (2023) de Martin Bourboulon, au cinéma le 5 avril 2023.