Quelle est la nouvelle aventure passionnante de Lou Doillon ?
Après avoir dévoilé une lecture musicale émouvante des lettres de la poétesse américaine Emily Dickinson à la Maison de la Poésie en 2021, la chanteuse, musicienne et actrice française Lou Doillon signe la préface d’un beau-livre célébrant ses plus beaux poèmes, illustrés par des tableaux.
par Nathan Merchadier.
et propos recueillis par Violaine Schütz.
Au printemps 2020, alors que la tournée du dernier album de Lou Doillon (Soliloquy, 2019) s’arrête brutalement en raison de la pandémie de Covid-19, l’actrice, l’auteure-compositrice-interprète, musicienne dessinatrice et icône de mode française au chic inouï s’impose un rendez-vous de lecture quotidienne pour nourrir son imagination. Ces découvertes littéraires s’orientent rapidement vers la poésie et plus particulièrement vers celle d’une auteure américaine méconnue de son vivant : Emily Dickinson (1830-1886).
Quelques mois plus tard (en 2021), Lou Doillon décide d’aller plus loin dans son amour pour la poésie en mettant en scène une lecture de poèmes d’Emily Dickinson, à la Maison de la Poésie, à Paris. En réinterprétant l’œuvre de l’auteure américaine à travers une déclamation guitare-voix des plus touchantes, Lou Doillon souhaite avant tout rendre hommage aux textes les plus confidentiels de la poétesse regroupés sous le doux nom d’Un volcan silencieux, la vie – Lettres d’une solitaire aventureuse (2020).
Lou Doillon écrit la préface d’un beau-livre sur la poétesse Emily Dickinson
C’est donc tout naturellement que Lou Doillon s’est vue proposer de signer la préface de l’ouvrage Poésies d’Emily Dickinson illustrées par la peinture moderniste américaine (publier en octobre 2023 aux éditions Diane de Selliers) regroupant 162 poèmes. La chanteuse y évoque, entre autres choses, sa fascination pour les écrits de l’Américaine : “Ce qui me trouble dans l’œuvre entière d’Emily Dickinson, c’est la rigueur de sa fantaisie, la liberté de ses phrases qui parviennent à échapper au cloisonnement de la poésie qui l’a inspirée ”. En plus de la préface de Lou Doillon et d’une introduction signée par l’écrivaine française Anna Hiddleston, l’ouvrage accueille en guise d’illustration 170 peintures modernistes américaines de la première moitié du 20e siècle. On y retrouve des tableaux d’Edward Hopper, Georgia O’Keeffe ou encore d’Arthur Dove. Un objet dense et poétique qui semble être le parfait cadeau des fêtes de fin d’année.
Lou Doillon nous parle de son amour pour Emily Dickinson
Rencontrée le jeudi 19 octobre 2023, en très petit comité, dans l’appartement parisien de l’éditrice Diane de Selliers, la magnétique Lou Doillon nous en a dit plus sur sa passion pour Emily Dickinson. « C’est quelqu’un, confie la chanteuse, qui passe son temps à casser les formats, à passer au travers du sens, du son… On le voit dans le peu d’usage fait des points dans ses poèmes. On est dans un souffle, une cadence très proche de la respiration. Je conseille d’ailleurs de lire sa poésie, et la poésie en générale, à haute voix. » L’artiste française ajoute : « Emily Dickinson est d’une grande générosité dans son écriture. Elle n’est jamais rassasiée. On a l’impression qu’elle est avide et curieuse de tout, d’une grande ouverture, dans une position de pouvoir tout recevoir alors que c’était une recluse. Elle va bouger très peu, ce qui est très étrange compte tenu du mouvement perpétuel de recherche contenu dans son travail. C’est un monde immense qu’elle décrit, mais qui tient dans une maison de poupée. »
Lou Doillon s’amuse également des contradictions de l’artiste, qui vivait en recluse et détestait les visites mais avait de l’ambition, même si son succès fut posthume. « Pendant que je travaillais sur la préface du livre, mon compagnon, Stéphane Manel (qui est illustrateur, ndlr), travaillait sur Marcel Proust. Et on s’est dit qu’il y avait des parallèles dans la façon dont ils ont mis en scène « l’après eux ». C’est très troublant et étrange cette façon qu’a eue Emily Dickinson (dont peu de poèmes ont été publiés de son vivant) de demandé à ce qu’on crame ses poésies, puis le fait qu’un corps de trois femmes (sa sœur, la femme de son frère et sa maîtresse) décide qu’il faut que ça vive. On a dit qu’Emily Dickinson ne voulait pas être publiée, mais elle lisait de la poésie et s’intéressait à ce qui se passait autour d’elle. C’est une recluse qui comprend l’immensité du monde et tente de faire sens de tout ce qu’il y autour d’elle. Aujourd’hui, je l’imagine regarder tout ça et se marrer, car ça a bien marché cette histoire. Elle a réussi son coup : sa poésie vit. »
Le livre Poésies d’Emily Dickinson illustrées par la peinture moderniste américaine (2023), préfacé par Lou Doillon, est disponible aux éditions Diane de Selliers.