Rencontre avec Enfant Sauvage, la moitié mystérieuse du duo The Blaze
Après avoir rencontré un succès phénoménal avec The Blaze, le duo électronique qu’il a fondé en 2016 avec son cousin Jonathan Alric, Guillaume Alric a lancé fin 2021 son projet solo, Enfant Sauvage. Dans cette nouvelle aventure, l’artiste mêle son premier amour, la photographie, et sa seconde passion, la musique électronique. Alors que son premier album Petrichor sortait le 19 novembre dernier, rencontre avec la moitié mystérieuse du groupe The Blaze.
Par Marie Solvignon.
Connu pour être la moitié du duo électronique The Blaze, Guillaume Alric est un passionné de photographie et de clips cinématographiques. Les vidéos des morceaux Territory et Heaven – sortis sur l’album Dancehall (2018) – qu’il a co-réalisé avec son partenaire Jonathan Alric en témoignent parfaitement. Les deux cousins ont véritablement conquis le monde grâce à leur identité musicale à la fois épique et harmonieuse. Et depuis peu Guillaume Alric prend un virage en solo : Enfant Sauvage. Ce nouveau projet mêle son amour pour la photographie et son savoir-faire musical. « Jusqu’au bout l’image et la musique se travaillent ensemble. Dans le projet Enfant Sauvage, la photographie c’est le témoignage d’une époque passée. C’est ce qui me permet d’avoir une trace visuelle. » Nostalgique de sa jeunesse, Guillaume Alric alias Enfant Sauvage se replonge dans ses photographies argentiques et imagine un nouveau projet : publier un livre regroupant tous ses clichés. Photographe de formation, l’artiste voit finalement plus grand. Après avoir discuté avec son manageur Manu Barron, les deux hommes viennent à la conclusion qu’il serait encore mieux de faire de ce projet un album musical accompagné de clips – et peut être un jour de ce fameux livre photo. « Quand je voyais toute cette matière photographique, j’ai eu l’idée de raconter cette jeunesse dans les années 2000 à la campagne où l’on n’avait pas grand-chose mais que l’on faisait toujours avec ce qu’on avait. Je trouvais aussi que ce genre de lieu n’était pas assez représenté. J’avais cette envie de me replonger dans ces souvenirs. Je sentais qu’il y avait une véritable histoire à raconter et à explorer », confie Enfant Sauvage. Le musicien imagine à travers ce projet créé fin 2021 quelque chose de très visuel et protéiforme. Son désir était de retranscrire en musiques et en vidéos ses souvenirs, ses expériences et ses sentiments passés. Pour lui, « le clip c’est la photographie en mouvement ». Alors, Guillaume Alric décide de créer en plus de The Blaze – son duo électronique formé avec son cousin en 2016 – une seconde identité musicale mais cette fois-ci en solitaire. Avant de dévoiler le 19 novembre dernier Petrichor, son premier album où poésie et nostalgie s’entremêlent à travers onze titres, l’artiste nous mettait l’eau à la bouche en partageant trois clips filmés, tel un court métrage, à Clamecy, le village dans lequel il a grandi. Le 22 septembre sortait la première partie d’une trilogie pleine de romance et d’insouciance dans laquelle il révélait Silent Love, le second titre de l’album situé après le morceau 58500, qui n’est autre que le code postal de Clamecy.
« J’aime le format d’une histoire en trois temps, en trois volets. C’est une histoire d’amour entre une fille et un garçon, je trouvais ça intéressant de filmer la jeunesse et l’amour à la campagne. Quand tu es adolescent, tu découvres l’amour, l’amitié, les rapports sociaux et tu es plus fougueux. Tu apprends ce qu’est l’amour et l’amitié. Dans mon village, à Clamecy, tout le monde se connait. L’amour a une place parfois difficile car tout le monde sait tout. Et par rapport à ça, les gens sont assez pudiques. Cette pudeur, je la trouve poétique, belle et douce. Vivre dans une petite ville ça a tendance à exacerber les sentiments dans tous les sens. » Durant trois semaines, Guillaume Alric a filmé deux âmes déchirées au beau milieu de la campagne. Il voulait avoir le temps de filmer, de raconter et d’explorer les différentes facettes des personnages de son histoire. En gardant ces empreintes et ces souvenirs, l’artiste a de nouveau créé des souvenirs ainsi qu’une certaine connexion avec son passé et les habitants de Clamecy. « J’avais envie de ramener le cinéma là-bas. Il y a un côté magique quand un plateau de cinéma s’installe dans une petite ville reculée. Tout le monde s’y met, tout le monde est heureux et ça créait des instants uniques et inoubliables. C’est de la magie. Et puis à la fin on est tous heureux de voir le résultat. On sait que tout ça est enregistré et que ça existera pour « toujours ». »
Guillaume Alric puise son inspiration dans les diverses musiques qu’il écoute au quotidien ainsi que dans les histoires des gens qui l’entourent. Il ajoute que « l’art peut tisser des liens tellement forts. Ce projet était très fort humainement. » Et cela se ressent à l’écoute de l’album ainsi qu’au visionnage des clips. Qui d’autre qu’un habitant de Clamecy pour filmer la ville et ses habitants ? Le musicien a relevé le défi avec brio. Il a d’ailleurs projeté les clips dans le cinéma du village avec toutes les personnes qui ont participé au projet. « Le plus beau des cadeaux c’est de voir les gens heureux. C’est vachement gratifiant pour eux comme pour moi. » Il espère pouvoir de nouveau filmer dans sa ville et continuer de travailler et d’explorer sur cette jeunesse qui l’inspire tant et dans laquelle il retrouve ses émotions et sentiments passés. C’est d’ailleurs de là que découle son envie de s’appeler Enfant Sauvage. « C’est l’insouciance de l’adolescence. Quand j’étais plus jeune, je ne savais pas ce qu’étaient les grandes villes, les voyages, les codes citadins, etc. C’est aussi mon côté indompté et brut de la campagne. Les premières fois où je suis arrivé dans une grande ville comme Paris, je me sentais vraiment sauvage. Alors qu’à la campagne, si je sors de chez moi, je sais que tous les cent mètres je vais dire bonjour à quelqu’un. Je vais juste acheter du pain et au final je vais revenir deux heures après car j’aurais bu un verre avec quelqu’un que j’ai croisé sur le chemin. »
Revenons sur ce qui à révélé Enfant Sauvage aux yeux du monde. Après avoir conquis la planète avec son titre Territory – portant sur le retour au pays et le déracinement – sorti en 2017, Guillaume Alric et son cousin Jonathan, alias The Blaze, ont dévoilé Dancehall, leur premier album studio en septembre 2018. « Mon cousin devait faire son projet de fin d’étude pour son école de cinéma. Il a donc pensé à faire un clip. Il savait que je faisais de la musique, donc il m’a proposé qu’on bosse ensemble et finalement ça ne s’est jamais arrêté et ça a pris une ampleur que l’on n’aurait jamais imaginé. Même encore aujourd’hui lorsque l’on compose on le fait comme au premier jour, on kiffe et on se laisse aller. Je ne sais même si on se rend réellement compte de l’ampleur qu’a pris The Blaze ». Après la sortie de Dancehall, le duo est parti en tournée à travers la France et l’Amérique du Nord. Ils ont d’ailleurs fait une performance remarquée au festival Coachella en 2018. Après une tournée avec The Blaze cet été, Guillaume Alric arrivera t’il à poursuivre sa mutation d’Enfant Sauvage ?
Petrichor (2021) d’Enfant Sauvage disponible sur toutes les plateformes.