Everything you need to know about The Get Down
Salué par un énorme succès dès sa diffusion sur Netflix en août, The Get Down dépeint l’épopée du hip-hop dans le Bronx, à la fin des années 70. Les sept nouveaux épisodes nous replongent au cœur de cet âge d’or.
Par Olivier Joyard.
Au cœur de l’été dernier surgissait une série à l’ambition démesurée, que plus personne n’osait espérer. Projet fou sur la naissance et l’ascension du hip-hop imaginé depuis près d’une décennie par le réalisateur Baz Luhrmann (Moulin rouge!), la série The Get Down a connu toutes sortes de mésaventures et de retards avant d’être mise en ligne par Netflix : perte de scénaristes exténués par le rythme de travail et les demandes du créateur, tournage plus long que prévu, budgets allègrement dépassés… Elle aurait pu rejoindre le cimetière des projets grandioses devenus des accidents industriels, mais l’opérateur de streaming a finalement décidé de se jeter dans le vide et de tenter sa chance. Six épisodes ont été offerts au public au mois d’août. Un succès énorme. Les six épisodes suivants n’étaient pas prêts. Ils arrivent ce printemps, complétant la première saison. Beaucoup les attendent avec la même impatience que le retour de Game of Thrones.
“En 1977, le disco régnait et continuait de grimper en flèche. Le rock était vraiment décadent. Et pendant ce temps-là, des gamins du Bronx façonnaient une culture alors que tout le monde s’en foutait. Comment, à partir de si peu, a pu naître ce geste artistique singulier qui allait changer le monde ?”
La série raconte avec empathie et enthousiasme un âge d’or, un moment où tout semblait possible, autant dire un autre monde que le nôtre. New York, été 1977. Si le disco a envahi le mainstream, si, à quelques milliers de kilomètres de là, le punk renverse tout, quelques visionnaires comme Afrika Bambaataa, Kool Herc et Grandmaster Flash (producteur de la série, ce dernier inspire aussi l’un des personnages principaux) balancent, sur leurs platines, des mix fous dans des clubs encore peu connus ou lors de block parties. La jeunesse noire et latino les adule et veut leur ressembler. “Les DJ étaient en compétition pour mettre le feu à la piste, raconte Grandmaster Flash. Quand on allait acheter des disques, on fouillait partout, dans les sections pop, rock, jazz, blues, funk, R’n’B, disco, caribéenne… Les kids actuels pensent souvent que le hip-hop ne vient que du rap, mais ce n’est pas le cas.” S’il n’avait encore jamais abordé cette musique-là dans son travail, le réalisateur Baz Luhrmann a expliqué pourquoi ce pan de la culture et de l’histoire contemporaine l’intéressait particulièrement : “En 1977, le disco régnait et continuait de grimper en flèche. Le rock était vraiment décadent. Il y a eu l’arrestation du tueur en série Son of Sam, le terrorisme, une crise pétrolière, des sectes folles, la mort d’Elvis. Et pendant ce temps-là, des gamins du Bronx façonnaient une culture alors que tout le monde s’en foutait. Comment, à partir de si peu, a pu naître ce geste artistique singulier qui allait changer le monde ?”
Alors qu’aujourd’hui les maîtres de l’entertainment mondial s’appellent Jay-Z ou Kanye West, The Get Down revient aux racines d’un mouvement. La série en montre la réalité politique, mais aussi sentimentale, les couleurs, les sons, les envolées lyriques, avec une fraîcheur communicative. On y croise un groupe de jeunes femmes et de jeunes hommes qui apprennent en direct à bâtir leur destin, sous le regard plus ou moins ahuri des adultes. Plus proche de la comédie musicale que du réalisme social ou historique (même si des images d’archives viennent scander des épisodes), The Get Down emporte l’adhésion en assumant sa part de naïveté, en construisant un flux d’images – un “flow”, terme hip-hop majeur – qui ne retombe jamais en pression. La deuxième partie de la première saison compte six épisodes et doit emmener ses protagonistes jusqu’en 1979, c’est-à-dire de l’ombre des premières fois à la lumière du succès. La saga The Get Down ne fait que commencer.