Jessica Chastain, star de Memory, en 5 rôles inoubliables
À la manière d’une autre rousse prodigieuse, Julianne Moore, Jessica Chastain a mis sa beauté diaphane et magnétique ainsi que son jeu subtil au service de réalisateurs de cinéma aussi talentueux et importants que Terrence Malick, Aaron Sorkin, Kathryn Bigelow ou Ridley Scott. Alors que l’actrice excelle dans le film dramatique Memory en ex-alcoolique amoureuse, aux côtés de Peter Sarsgaard, au cinéma ce mercredi 29 mai, retour sur ses rôles les plus vertigineux.
par Violaine Schütz.
1. Jessica Chastain dans le rôle d’une pin-up activiste dans La Couleur des sentiments
Adapté du best-seller de Kathryn Stockett, La Couleur des sentiments (2011) met en lumière les brimades subies par les gouvernantes afro-américaines dans le Mississippi ségrégationniste des années 1960. Alors que la lutte pour les droits civiques n’en est qu’à ses prémices, Celia Foote (Jessica Chastain) est une jeune pin-up et femme au foyer écorchée et fragile qui se noue d’amitié avec une nounou noire qui lui apprend à cuisiner. Avec la jeune journaliste en herbe Skeeter (Emma Stone), Celia Foote va tenter d’interpeller les Blancs sur les conditions dans lesquelles sont traitées les femmes noires du Sud. Pour ce rôle émouvant, Jessica Chastain a lu des livres sur Marilyn Monroe (dont elle imite le style dans le film) et pris sept kilos en mangeant un litre de glace au soja par jour pendant un certain temps. Remarquée, son interprétation lui a valu des comparaisons élogieuses avec la versatile Nicole Kidman.
2. Jessica Chastain dans le rôle d’une agent de la CIA déterminée dans Zero Dark Thirty
Dans ce chef-d’oeuvre réalisé par l’oscarisée Kathryn Bigelow (Point Break, Démineurs), Zero Dark Thirty (2012), la traque d’Oussama ben Laden par une unité des forces spéciales américaines est mise en scène telle une enquête haletante (en partie romancée) qui fait plus penser à un documentaire qu’à une fiction. À la hauteur de la virtuosité narrative et visuelle foudroyante de la cinéaste, Jessica Chastain incarne une agente de la CIA tenace, dure et courageuse qui ne lâche jamais sa piste. Pendant le tournage, l’actrice a fait une dépression à cause du sujet du film et fondait en larmes entre les prises. Plus tard, elle déclare qu’il s’agissait là d’une des pires expériences de sa vie. Mais ça reste, pour les cinéphiles, l’une de ses performances les plus puissantes.
3. Jessica Chastain dans le rôle d’une ingénieure de la NASA dans Interstellar
Sublime, profond et métaphysique, Interstellar (2014) – l’un des meilleurs films de Christopher Nolan – raconte les aventures d’un groupe d’explorateurs qui utilisent une faille découverte dans l’espace-temps afin de réaliser un voyage interstellaire épique. Jessica Chastain y joue la fille (adulte) de Matthew McConaughey, qui attend avec impatience le retour de son père sur Terre et irradie cette odyssée de presque trois heures de sa beauté diaphane et de son beau regard mélancolique. C’est la nature de la relation (fusionnelle) qui unit un père à sa fille qui a motivé l’envie de Jessica Chastain de participer à ce film. Dans la vie, l’actrice n’a pas eu autant de chance. Son père, musicien dans un groupe de rock, s’est très vite éloigné de son foyer.
4. Jessica Chastain dans le rôle d’une lobbyiste cynique et redoutable dans Miss Sloane
Dans ce thriller politique et psychologique malin et efficace intitulé Miss Sloane (2016), Jessica Chastain est Elizabeth Sloane, une femme d’influence rusée qui oeuvre dans les coulisses du pouvoir à Washington. Entre manipulations, méthodes peu scrupuleuses et stratégies juridiques, la lobbyiste est prête à tout, et surtout au pire. L’impériale actrice à l’allure ultra chic fascine avec ce personnage de femme redoutable, détachée et complexe naviguant avec aisance dans le monde sans pitié du lobbying. Si elle s’avère machiavélique et cynique à souhait, on ne peut s’empêcher de la trouver passionnante. C’est aussi un film féministe dans la mesure où il montre une femme à l’intelligence impressionnante, qui s’avère aussi ambitieuse que les héros masculins des thrillers politiques.
5. Jessica Chastain dans le rôle d’une reine du poker clandestin dans Le Grand jeu
Basé sur une histoire vraie, Le Grand jeu (2018) d’Aaron Sorkin raconte l’histoire folle d’une jeune femme devenue la reine glamour d’un empire du poker clandestin situé à Hollywood et rassemblant de nombreuses célébrités dans les années 2000. Il s’agit de Molly Bloom, qui a réussi à se venger de son ancien boss en passant du statut d’assistante d’un homme organisant des parties de poker très prisées à celui de patronne de son propre cercle à la mise d’entrée pharaonique (250 000 dollars). Dans ce rôle de femme ambitieuse et ambivalente qui fréquente les grands de ce monde avant d’être acculée par les agents du FBI et menacée par la mafia russe, Jessica Chastain impressionne en donnant à son interprétation puissante des relents féministes et une certaine vulnérabilité. Pour arriver à une telle intensité, elle a rencontré la vraie Molly Bloom, interviewé certains de ses clients et fait des recherches sur l’univers du poker underground. Une démarche quasi journalistique qui témoigne de l’exigence toujours aiguisée avec laquelle l’actrice appréhende ses rôles (souvent passionnants).
Memory (2024) de Michel Franco, avec Jessica Chastain, au cinéma le 29 mai 2024.