17 avr 2024

Qui est Johnny Jane, le chanteur pop français influencé par King Krule et les Strokes ?

Alors qu’il vient tout juste de sortir son premier album Attitude(s), mixant chanson française, pop et rock, le chanteur français Johnny Jane, évoquant les Strokes, Sébastien Tellier et King Krule, s’est entretenu avec Numéro.

propos recueillis par Nathan Merchadier.

Un mardi matin du mois de mars, sur les coups de 11h, une silhouette longiligne aux cheveux ébouriffés pousse les épaisses portes du label Columbia, dans le 9e arrondissement de Paris. Le vingtenaire à l’allure nonchalante se présente avec un sourire en coin : “Johnny Jane, enchanté”. Son nom ne vous dit peut-être rien, pourtant vous avez sûrement déjà entendu ses titres peuplés de synthés planants, aux refrains entêtants et bourrés de mélancolie. Depuis quelques années, l’artiste originaire d’Orléans s’est fait remarquer à travers trois EP aussi bien influencés par la verve rock des Strokes, que par Gainsbourg, Sébastien Tellier et l’univers musical oscillant entre indie rock et jazz du britannique King Krule

 

Johnny Jane, un chanteur pop français influencé par les Strokes et King Krule

 

Ce vendredi 12 avril 2024, Johnny Jane dévoile en grande pompe Attitude(s), un premier album de pop sophistiquée, produit au Motorbass Studio, sur lequel il met en scène ses nuits passées à errer dans Paris et ses histoires d’amour plus ou moins concluantes. De l’excellente ballade Les lois de l’univers en ouverture, au très lancinant et mélancolique 1998, l’artiste impressionne par son songwriting acéré et sa grande capacité à rendre compte de ses influences diverses. “Pour moi, Attitude(s) est le reflet de l’importance qu’a pu avoir la musique tout au long de ma vie. Certains morceaux sont inspirés des Strokes tandis que d’autres sont plus imprégnés de chanson française et de Gainsbourg. J’ai enfin l’impression d’avoir donné vie à un disque qui me ressemble”. 

Serge Gainsbourg en inspiration majeure

 

Élevé dans une famille dans laquelle l’art – un père peintre et une mère qui sculpte – occupait une place très importante, Johnny Jane se révèle très vite mélomane, fasciné par les cuivres et les percussions. Formé au Conservatoire d’Orléans, l’adolescent qui débute par le piano s’est par la suite envolé vers les Beaux-Arts de Bruxelles. Fort de cette courte expérience internationale pendant laquelle il s’intéresse à la photographie, il pose finalement ses valises à Paris pour tenter de se façonner un univers musical plus abouti. À commencer par le choix d’un nom de scène, imaginé comme une référence explicite à la Ballade de Johnny Jane, composée par Serge Gainsbourg dans le film Je t’aime… moi non plus (1976), en hommage à Jane Birkin.

 

Avec des amis, Carl et Renaud (du groupe de musique électronique Jersey, ndlr), ils bricolent à l’époque quelques maquettes qui lui valent d’être repéré en 2019 lors du tremplin Variation(s) – qui révélait l’artiste Eddy de Pretto deux années plus tôt. S’en suit la sortie d’un premier EP au style encore brouillon (Au pire c’est rien, 2020), puis JTM (2022), avant de présenter Désordres (2023) un cinq titres largement influencé par le rock, cette fois-ci plus convaincant. 

 

Pour donner vie à ses morceaux, Johnny Jane confie s’inspirer de son quotidien mais aussi de ses virées la nuit, dans les rues de la capitale. Au cours de ces pérégrinations nocturnes, il croise parfois la route de producteurs de renom (il a notamment composé le titre Attitude avec le producteur Saint DX), et collabore parfois avec d’illustres inconnus. “Le morceau Another Love Story a d’ailleurs été composé de cette manière. J’étais en soirée et j’ai rencontré une Anglaise avec qui j’ai écrit les paroles de ce qui n’était au départ qu’une vague idée de chanson. Je suis très attaché à cette idée de hasard, de spontanéité dans la création. »

Johnny Jane : une bête de scène en concert à l’Olympia à Paris

 

Si dans ses clips à l’esthétique toujours débraillée, l’artiste se rêve en braqueur de saloon (À l’américaine) ou encore en vagabond à l’esprit libre (Zéro), Johnny Jane évoque parmi ses souvenirs d’enfance les journées déjà passées à s’imaginer au centre de l’attention. “Pendant longtemps, j’ai ressenti une certaine volonté de reconnaissance. Quand je faisais de la musique chez mes parents, je m’imaginais toujours devant une immense foule scandant mon nom”. 

 

Une soif de succès que l’Orléanais parvient aujourd’hui à assouvir sur scène. “Les concerts sont des moments privilégiés pendant lesquels je me connecte avec mon public. J’adore cette idée de performer, même si ça reste une énorme pression. Il faut parfois savoir mettre des masques. »

 

Alors qu’il faisait trembler les planches de La Cigale, en décembre dernier, à l’occasion d’un concert sold out, l’artiste charismatique vient d’annoncer une date exceptionnelle à l’Olympia, le 10 octobre 2024. L’occasion de défendre sur scène son album Attitude(s) avec la nonchalance et le charme – digne d’un Renaud jeune – qui font déjà sa renommée dans l’Hexagone.

 

L’album Attitude(s) (2024) de Johnny Jane, disponible. En concert à l’Olympia le 10 octobre 2024.