26 mar 2022

Prix LVMH 2022 : qui sont les finalistes ?

Jeudi 24 mars 2022, le Prix LVMH dévoilait la liste des huit créateurs finalistes de sa neuvième édition, élu parmi les 19 demi-finalistes par son comité d’experts ainsi que le public qui a encore pu voter cette année.

Du 4 au 9 mars 2022, se tenait la demi-finale de la 9e édition du Prix LVMH, à l’occasion de laquelle, le comité d’experts ainsi que le public a voté pour les dix-neufs jeunes créateurs sélectionnés parmi les 1 900 candidats qui présentaient leurs collections lors d’un show-room, ainsi que sur la plateforme digitale lvmhprize.com. “Cette demi-finale, qui s’est tenue à la fois lors d’un show-room et sur notre plateforme digitale, a permis de découvrir le travail des designers sélectionnés. Je veux saluer leur talent et leur enthousiasme, et je tiens à tous les féliciter. J’ai particulièrement apprécié nos moments d’échanges, et ai été conquise par leur inventivité, leur manière de mettre en scène savoir-faire et artisanat, ainsi que par leurs réflexions sur les enjeux environnementaux. Je remercie les Experts pour leur implication, ainsi que le public qui a participé cette année pour la deuxième fois au vote : plus de 62 000 personnes ont ainsi pu choisir leur candidat préféré. Cette année, les designers qui accèdent à la finale du Prix LVMH sont issus du Canada, de Corée du Sud, des États-Unis, d’Irlande, du Japon, du Nigéria et du Royaume-Uni. L’ensemble du Jury et moi-même serons très heureux de les accueillir lors de la finale à la Fondation Louis Vuitton”, explique Delphine Arnault, directrice générale adjointe de Louis Vuitton, au sein d’un communiqué de presse. 

 

ASHLYN par Ashlynn Park, Corée du Sud, mode femme. Originaire de Corée du Sud, la créatrice Ashlynn Park a déjà remporté le prestigieux prix japonais SO-EN en 2008, qui compte parmi ses lauréats Kenzo Takada et Yohji Yamamoto, avant de rejoindre durant trois ans le studio de création de ce dernier puis ceux d’Alexander Wang et Calvin Klein auprès de Raf Simons. En 2019, elle lance son label Ashlyn au sein duquel elle associe des pièces tailoring déconstruites et retravaillées à des créations en mailles fines, qui se déclinent dans des teintes sombres et sobres. Son approche du vêtement, à la fois radicale et pragmatique, s’inscrit dans la tradition des créateurs du mouvement Anti-Fashion des années 90.

Retrouvez l‘interview d’Ashlyn pour Numéro.

 

ERL par Eli Russell Linnetz, Etats-Unis, mode femme, homme et unisexe. Si Eli Russell Linnetz est nouveau dans le monde de la mode, son nom est pourtant déjà bien connu dans l’industrie musicale américaine et la liste hallucinante et non-exhaustive de ses projets inclue les clips “Famous” et “Fade” pour Kanye West, le décor pour la tournée Enigma de Lady Gaga, la production de musique pour Teyana Taylor, de Kid Cudi et de Kanye West ou encore des photos Polaroïd pour l’ex famille Kardashian-West ou encore des vidéos de campagnes pour Yeezy et Skim. C’est après avoir collaboré avec Rei Kawakubo et Adrian Joffe, notamment autour d’ un T-shirt pour l’ouverture de leur concept-store Dover Street Market à Los Angeles en novembre 2018 que, sur les conseils de ce dernier, le jeune slasheur trentenaire originaire de Venice Beach à Los Angeles, lance son label ERL. Infusées de pop culture et d’un optimisme made in California, les premières pièces ERL questionnent les archétypes américains avec un aspect quasi sociologique qui laisse également poindre une pointe de nostalgie et d’espièglerie. 

Retrouvez l’interview de ERL pour Numéro.

 

KNWLS par Charlotte Knowles, Royaume Uni, et Alexandre Arsenault, Canada, mode femme. C’est après ses études à la prestigieuse école Central Saint Martins que Charlotte Knowles lance son label KNWLS, en collaboration avec son partenaire Alexandre Arsenault, qui séduit rapidement grâce à ses silhouettes près du corps qui exaltent la sensualité féminine et brouillent les frontières entre tradition et expérimentation. Au sein des collections KNLWS, qui défilait pour la première fois en septembre 2019, on retrouve de nombreux emprunts à l’univers de la lingerie, notamment à travers des brassières et bustiers inspirés du corset, ou des pantalons et robes moulantes aux subtiles jeux de cachés-dévoilés exaltées par l’utilisation de tissus mesh souvent imprimé, qui se confrontent à des créations plus structurées comme des trenchs, blousons et vestes tailoring en laine ou cuir. En 2021, KNWLS collaborait avec la photographe Harley Wire autour d‘une collection capsule composée de pièces sensuelles réalisées intégralement en matière recyclée sur lesquelles sont imprimées des images de fleurs fanées, champignons et autres déchets alimentaires.

Retrouvez l‘interview de KNWLS pour Numéro

 

ROISIN PIERCE par Róisín Pierce, Irlande, mode femme. À l’occasion 34e Festival international de mode et de photographie de Hyères en 2019, l’Irlandaise Róisín Pierce, jeune créatrice finaliste associée au chapelier Maison Michel, remportait le nouveau prix Métiers d’art de Chanel, grâce à deux créations spectaculaires en dentelles anglaises blanches, conçues avec Priscilla Royer, directrice de la maison d’art. Puisant directement dans ses racines irlandaises, Róisín Pierce rend hommage au costume et savoir-faire de sa région natale, et imagine des silhouettes qui se concentrent sur la construction, l’ornement et l’artisanat. Dans ses collections, Róisín Pierce associe diverses techniques de broderie et ornements traditionnels de la lingerie du XIXe siècle comme le crochet décliné en version XXL, les fronces ou les smocks  sur des robes, pantalons et tops en organza, de satin et de dentelle, choisi dans un blanc virgiinal qui permet d’apprécier au mieux la finesse des la précision des coupes et des formes. Grâce à des silhouettes complexes et volumineuses, composées de bustier 3D conjugué à une jupe fendue, des tops à larges mailles laissant entrevoir la peau, la créatrice évite souvent le piège du romantisme, s’imposant davantage comme une sculptrice du vêtement.

 Retrouvez l’interview de Róisín Pierce pour Numéro. 

 

RYUNOSUKEOKAZAKI par Ryunosuke Okazaki, Japon, mode unisexe. Lors de la fashion week de Tokyo en août 2021, Ryunosuke Okazaki, fraichement diplômé en design graphique de l’Université des arts de Tokyo en 2021, lance son label Ryunosukeokazaki avec une première collection tridimensionnelle spectaculaire. S’il affirme avoir puisé dans l’histoire du Japon, en particulier dans la période Jōmon (qui se déroule entre 4 000 et 300 avant notre ère), c’est bien dans la nature et la flore que Ryunosuke Okazaki a trouvé l’inspiration pour composer ces silhouettes avant-gardistes aux couleurs vibrantes desquelles émanent pureté et magnificence mais également des influences empruntées à l’univers de la science-fiction. Quand elles ne sont pas ornées d’imposants pétales enveloppants, les robes Ryunosukeokazaki se déploient en de magnifiques structures formes organiques et futuristes tout en symétrie qui tournoient autour du corps. Questionnant aussi bien le pouvoir protecteur qu’ornemental du vêtement, l’approche expérimentale Ryunosuke Okazaki se situe à la croisée des grands créateurs d’une mode conceptuelle que sont Rei Kawakubo, Iris Van Herpen et Craig Green. 

Retrouvez l’interview de Ryunosukeokazak pour Numéro.

 

S.S. DALEY par Steven Stokey Daley, Royaume-Uni, mode homme. En décembre 2020, Harry Styles va bouleverser la vie de Steven Stokey Daley en arborant tout au long du clip de son titre “Golden”, qui atteint aujourd’hui les 171 millions de vue sur Youtube, une chemise large et légère ainsi qu’un pantalon ample et imprimé issus de la collection de fin d’études du jeune créateur originaire de Liverpool et diplômé Bachelor en mode de l’université de Westminster. Aujourd’hui, Steven Stokey Daley, dont le CV affiche fièrement des stages chez Alexander McQueen et de Tom Ford, explore une radicalité délicate et subtile des thèmes comme l’homosocialité ou les inégalités sociales au Royaume-Uni, tandis que ses collections résonnent comme des transfuges. À la fois pragmatique et poétique, les silhouettes S.S. Daley, fabriquées à la main au Royaume-Uni à partir de tissus reconditionnés, transgressent les codes d’une mode anglaise traditionnelle élitiste à coup de discrets détails et références empruntés aussi bien à la classe ouvrière qu’à une imagerie queer.

Retrouvez l’interview de de S.S.Daley pour Numéro.

 

TOKYO JAMES par Iniye Tokyo James, Nigeria, mode homme. Quand le créateur londonien Iniye Tokyo James lance son label masculin Tokyo James en 2015 à Lagos, il se donne pour mission de non seulement rapprocher le tailoring traditionnel de Savile Row et le savoir-faire artisanal nigérian mais également de changer les perceptions sur la culture africaine. Créateur au parcours atypique, après des études de mathématiques en Angleterre il se tourne vers une carrière de styliste et collabore notamment avec les marques Brioni et Issey Miyake, Iniye Tokyo James fait partie de ses précurseurs qui font évoluer petit à petit les mentalités sans jamais chercher à être dans la lumière, laissant davantage de place à ses créations. Sa vison éloquente se traduit dans des collections Tokyo James où le vestiaire masculin s’illumine de couleurs vives tandis que des matières traditionnelles sont habilement associées à des tissus rehaussés d’imprimés Wax, le tout sublimé par des tissages, des épissures ou des franges. Interrogeant avec bienveillance et puissance l’intersectionnalité dans la mode, Iniye Tokyo James s’impose comme une personnalité sur laquelle la mode doit compter pour s’ouvrir et évoluer.

Retrouvez l’interview de Tokyo James pour Numéro.

 

WINNIE NEW YORK par Idris Balogun, Etats-Unis, mode homme. Fasciné par les célèbres tailleurs de Savile Row à Londres, le créateur nigérian Idris Balogun, débute son apprentissage à l’âge de 14 ans dans les ateliers de Hardy Amies avant de rejoindre les studios de Burberry et Tom Ford où il parfait sa formation. En mars 2020, il présentait lors de la fashion week parisienne la première collection de son label Winnie, basé à Brooklyn  et dont le nom est un hommage à sa grand-mère, la princesse Winifred Dademu. Naturellement, les pièces masculines proposées par Idris Balogun ravissent par une technique et un sens de la coupe remarquables, mais elles surprennent également par la décontraction et la nonchalance qui en émanent. Chez Winnie, le tailoring traditionnel se confrontent à une approche plus streetwear du costume ainsi qu’aux racines nigérianes du fondateur avec des blazers en laine et les cardigans en mohair et des pantalons en laine feutrée et aux trenchs en cachemire qui composent un vestiaire classique mais décontracté en parfaite osmose avec une approche contemporaine de la mode masculine.

Retrouvez l’interview de Winnie New York pou Numéro.