Hodakova, le label suédois qui repousse les limites de l’upcycling
Lancée il y a un an, Hodakova, la marque d’Ellen Hodakova Larsson, jeune créatrice suédoise émergente questionne dans sa nouvelle collection printemps-été 2022 la durabilité de la mode avec des créations avant-gardistes qui repoussent les limites de l’upcycling.
Par Chloé Bergeret.
Comment continuer à créer dans un monde déjà noyé de nouveautés ? Telle est la question que se pose constamment dans son travail Ellen Hodakova Larsson. En choisissant des matières de qualité provenant de vêtements déjà existants et des stocks dormants la jeune créatrice suédoise imagine des pièces chargées de signification. Comme elle l’explique, rien dans son processus créatif n’est laissé au hasard et tous les vêtements ont une fonction : avant de dessiner une collection, elle s’interroge sur le but et l’utilité de sa création. Une vision radicale et utilitaire de la mode, qui lui vient de son enfance : « j‘ai été élevé dans une ferme équestre, ce qui implique normalement de prendre des responsabilités, de répondre aux besoins quotidiens et de prendre soin du matériel pour le faire durer. Je vois que cela m’a façonné pour devenir ce que je suis aujourd’hui » raconte- t-elle.
Entre passé et présent, la marque Hodakova, propose des silhouettes proches du costume avec jupons interminables et des vestes aux larges épaulettes. En transformant d’anciens vêtements en pièces contemporaines, la marque se veut à l’avant-garde du changement dans la façon de consommer. Particulièrement concernée par la temporalité du vêtement, la créatrice veut repenser l’upcycling, technique qui consiste à créer du neuf avec du vieux, sans pour autant transformer ou déconstruire la matière première que l’on utilise. Dans sa collection printemps-été 2022, les robes aux airs de toiles d’araignée sont fabriquées à partir de fils de boutons ficelés à la main tandis que les ceinturons se fixent sur les sacs à rabats et des gants vintage tissés se transforment en mini-jupe. En réutilisant les matières premières Hodakova dénonce tandis qu’elle aborde ce qu’elle nomme la déconstruction conventionnelle, « qui consiste à transformer des vêtements conventionnels en un processus de conversion, où les anciennes traditions deviennent nouvelles », explique Ellen Hodakova Larsson. À travers ses nombreuses pièces uniques, la créatrice veut repenser le rapport au vêtement mais surtout façonner une nouvelle appréhension du monde qui nous entoure en redéfinissant le concept d’intemporalité.
Depuis, la créatrice transforme ses trésors trouvées dans des friperie en vêtements asymétriques inspirés des esthétiques surréaliste et médiévale comme ces plastrons en cuir ou une jupe composée de ceintures entrelacées. Également fascinée par le temps qui passe, la créatrice récupère des montres et des écrans d’horloges qu’elle métamorphose en tops, faisant référence au peintre espagnol, maître du surréalisme Salvador Dalí.