Qui est Leslie Medina, star de la série Netflix Fiasco avec Pierre Niney ?
Après avoir joué dans des téléfilms et des séries de second plan, l’actrice Leslie Medina explose dans Fiasco, la nouvelle production comique de Netflix mettant en scène Pierre Niney et François Civil. Également chanteuse, la Française âgée de 31 ans à l’univers mélancolique sortira un nouvel EP, Les lotus poussent dans la boue, le 24 mai 2024. Rencontre avec une artiste en pleine éclosion.
propos recueillis par Violaine Schütz.
L’interview de l’actrice et chanteuse Leslie Medina, à l’affiche de la série Netflix Fiasco
Numéro : Dans la série Netflix Fiasco, vous jouez une actrice qui incarne la grand-mère d’un réalisateur (interprété par Pierre Niney) dans le premier film qu’il met en scène. Avez-vous des points communs avec ce personnage ?
Leslie Medina : Ingrid est une actrice qui veut bien faire, c’est une bonne élève et ce tournage est très important pour elle. Elle se donne à 100% pour son rôle et pour Raph (joué par Pierre Niney). Comme elle, j’ai un peu le syndrome de la bonne élève. Je suis très perfectionniste et sur chaque tournage, j’essaie d’aller au plus proche de la vision des réalisateur.ice.s. Quand je rentre chez moi le soir, je prends du temps à accepter que ce qu’on a tourné est définitif. Je pense à tout ce que j’aurais pu faire mieux ou différemment. Avec le temps, j’apprends à être plus douce avec moi-même.
Qu’est-ce qui vous a le plus plu dans ce projet ?
J’ai adoré la multiplicité des décors et des costumes (le film tourné dans Fiasco traverse les époques depuis la préhistoire jusqu’au débarquement, ndlr). Un jour, j’étais en « Cro-Magnon » avec des chicots pourries. Le lendemain en corset du XVIIIe siècle. J’ai eu beaucoup de plaisir à travailler avec ce casting aussi et le sentiment d’avoir appris de nouvelles choses en les observant bosser. Je me sens très reconnaissante d’avoir vécu ça.
Est-il vrai que c’est Pierre Niney qui vous a choisie pour jouer Ingrid dans Fiasco ?
Pierre et Igor ont cocréé et coécrit la série. Quand j’ai passé les castings pour le rôle d’Ingrid, Pierre (Niney) était là pour me donner la réplique et Igor (Gotesman) me dirigeait. Ils ont pris la décision ensemble. Le projet Fiasco a été une grande surprise dans ma vie : je ne pensais pas avoir le rôle. Pierre Niney et Igor Gotesman m’ont fait confiance et je voulais être à la hauteur de cette confiance.
« J’ai vécu quelque fois ce qu’Ingrid vit avec Robin (incarné par Vincent Cassel) dans la série. Des acteurs qui se pensent au-dessus de tout et qui te donnent des indications de jeu. » Leslie Medina
Quelle est la scène de la série qui vous fait le plus rire ?
C’est très difficile de n’en choisir qu’une. La scène où Raph (Raphaël, le réalisateur, ndlr) raconte son anecdote avec Christian Bale, avec trop de détails, aucun charisme, très content de lui, ça vient me cueillir à chaque fois. J’ai rarement autant ri. Sur le tournage, Pierre (Niney) proposait des choses différentes à chaque prise. Il partait en impro : c’était délicieux et insoutenable. Je n’ai toujours pas trouvé la solution pour ne pas avoir un fou rire devant Pierre. Il faut beaucoup de concentration en tout cas. J’ai un profond respect pour le travail de Pierre, alors je faisais de mon mieux pour tenir bon.
Quels souvenirs gardez-vous du tournage de Fiasco ?
Il s’est passé quelque chose d’assez magique pendant ces trois mois de tournage. Je me suis sentie immédiatement intégrée dans le groupe. C’était très joyeux et rassurant comme conditions. Nous étions souvent nombreux sur le plateau car il y avait la vraie équipe technique et en plus, des acteurs ou figurants qui jouaient la fausse équipe technique. Les premiers jours, j’ai eu beaucoup de mal à comprendre qui faisait quoi.
Fiasco parle d’un tournage de film où les problèmes s’accumulent. Avez-vous vécu des tournages très compliqués dans votre carrière ?
Autant de catastrophes que dans la série, Dieu merci, non. J’ai vécu quelque fois ce qu’Ingrid vit avec Robin (incarné par Vincent Cassel) dans la série. Des acteurs qui se pensent au-dessus de tout et qui te donnent des indications de jeu alors qu’ils ne réalisent pas le film. Un réalisateur barjo m’avait attrapé le bras pour me secouer afin que je sois essoufflée avant de tourner la scène. Un autre acteur a exigé une loge au milieu d’une jungle. Il y a des fous partout. Il vaut mieux en rire.
« Travailler dans cette industrie implique beaucoup de rejets, de déception mais aussi beaucoup de lumière, d’intensité. » Leslie Medina
Vous êtes chanteuse, en plus d’être actrice. Comment s’organise votre emploi du temps entre la musique et le cinéma ?
Ce sont deux facettes fondamentales de ma personnalité. Je ne me vois pas faire autrement aujourd’hui. J’ai toujours pratiqué plusieurs disciplines artistiques en même temps. Je peins et je fais aussi de la sculpture. Ce serait douloureux de faire un choix alors je m’organise. Je fais de la place pour les deux, afin que les deux pratiques s’enrichissent et se répondent.
Vous allez bientôt sortir un nouvel EP intitulé Les lotus poussent dans la boue…
Oui, le 24 mai. Ce sont sept titres que j’ai composés, écrits et arrangés. Le nom de l’EP vient d’un mantra du bouddhisme japonais du XIIe siècle, qu’on peut traduire par : « Plus profondes et boueuses sont les racines, plus belle sera la fleur de lotus. » J’aimais cette idée de résilience, de remonter à la surface à partir de la boue qu’on a sous les pieds. Travailler dans cette industrie implique beaucoup de rejets, de déception mais aussi beaucoup de lumière, d’intensité. L’EP évoque cette boue et cette force.
Comment décririez-vous vôtre musique ?
C’est de la chanson française, de la pop et du rock. Mais je ne voulais pas me limiter à ces codes-là. J’ai expérimenté aussi poussé à l’extrême sur le refrain du titre Ce qu’il me reste. Il y a une ballade folk intitulée Adieu mon ami, des sonorités plus « urbaines » sur Boulogne mon Amour. Je perçois chaque chanson avec des couleurs, comme un mini film. Ce qui m’importe, c’est l’émotion et les choix de sonorités sont des outils pour y parvenir. Pour les paroles, je m’inspire d’histoires que je vis ou que j’entends. Parfois, j’aime la sonorité d’un mot alors je commence à en faire un poème puis je le transforme en chanson quand je trouve des accords au piano. Je note toute la journée des idées, des bouts de phrases dans mon téléphone et ensuite je les assemble comme un puzzle. J’écris régulièrement à la main, en écriture spontanée, pour accéder à d’autres zones du cerveau et stimuler ma créativité différemment.
Quelles sont vos influences musicales ?
Je suis sensible aux sonorités organiques qu’on retrouve chez Childish Gambino ou Disiz. J’aime les textes de Pomme, les traitements de voix de Gracie Abrams, les synthés des chansons de Joji ou Labrinth, la pop de Charlotte Cardin, les mélodies de Rosalía et j’ai grandi avec du Michel Berger et du Queen à la maison. Je dirais que ma musique est un joyeux mélange de tout ça.
« Quand je suis arrivée à Paris, j’ai mis plusieurs années à bien m’entourer professionnellement ou du moins, à me sentir digne de l’être. » Leslie Medina
Il y a une grande mélancolie sur cet EP. D’où vient-elle ?
Il faudrait demander à ma psy ! J’ai toujours été assez mélancolique, j’ai peur de rater, de passer à côté de la vie, de pas faire assez, de pas être assez… Je crois qu’on est nombreuses et nombreux à ressentir ça. J’essaie de le retranscrire dans mes chansons avec l’espoir que ça puisse réconforter quelqu’un d’autre. La musique a ce pouvoir magique de nous lier entre humains. Ce qui me touche et me donne envie d’écrire.
Il y a quelques années, vous avez sorti un beau titre intitulé T’iras où qui parle d’auto-sabotage. Avez-vous déjà eu le sentiment de vous auto-saboter ?
Oui. Quand je suis arrivée à Paris, j’ai mis plusieurs années à bien m’entourer professionnellement ou du moins, à me sentir digne de l’être. J’avais l’impression d’être une imposture alors que je bossais comme une malade. C’est une forme d’auto-sabotage. Dans mon inconscient, je ne pensais pas être à la hauteur de mes ambitions alors m’entourer de gens qui m’en faisaient douter, ça me confortait dans mes croyances. En grandissant, j’ai fini par me laisser tranquille et aujourd’hui, je me sens très bien entourée.
On vous a déjà vue à des défilés Dior. Quel rôle joue la mode et l’image dans votre univers ?
Oui, j’ai eu le plaisir de chanter plusieurs fois pour Dior. La mode est une forme d’expression très puissante. Tu peux orienter ce que l’autre verra, pensera, de toi avant que tu n’ouvres la bouche. Je trouve ça à la fois amusant et risqué. Je ne suis pas certaine d’avoir un talent inné pour m’habiller. Par prudence, dans mon quotidien, je reste sur des basiques, des indémodables. Je m’amuse davantage avec le maquillage. Quand je crée des visuels autour de ma musique, le stylisme est un axe que je ne néglige jamais. Ça doit être aligné avec ce que je raconte.
Les lotus poussent dans la boue (2024) de Leslie Medina, disponible le 24 mai 2024. Fiasco (2024), créée par Igor Gotesman, avec Pierre Niney, Géraldine Nakache, Leslie Medina et François Civil, disponible sur Netflix.