« En Avant »: Pixar signe un animé touchant sur la paternité
En salles ce mercredi, le nouveau film des studios Pixar explore le passage de l’enfance à l’adolescence de deux garçons à la recherche d'indices sur la vie de leur père défunt. Chargé en émotions, le film puise dans un registre fantastique pour dresser une fresque familiale aux allures subtilement politiques, sorte de critique sur les travers de la société américaine.
Par Margaux Coratte.
Avec ce nouveau long-métrage, Pixar plonge au cœur d’une aventure fantastique, adoptant pour la première fois les codes de l’heroic fantasy (un récit héroïque dans un monde merveilleux). Ian et Barley, deux frères aux allures de lutins – à mi-chemin entre l’elfe et le schtroumpf – retrouvent l'héritage inespéré de leur père défunt. Venant bousculer leur quotidien de banlieue morne et bien rangée, cette trouvaille engendre une aventure dans un monde imaginaire ponctuée de rebondissements. Pendant 24 heures, les deux garçons pourront voir leur père qu’ils n’ont pas connu. Que l’esthétique colorée et féérique du film ne vous trompe pas : le scénario s’empreint de réflexions bien ancrées dans le réel, dessinant en filigrane une critique de la standardisation de la société américaine.
L'animation, un cinéma qui séduit aussi bien enfants qu'adultes
Après les très bons Wall-E (2008), Vice-Versa (2015) et Coco (2017), les studios Pixar n’ont plus à démontrer qu’ils savent parler aussi bien aux enfants qu’aux adultes. En reprenant les thèmes de la famille, du deuil et du voyage initiatique, les créateurs de Toy Story abordent cette fois-ci la notion de la paternité. Inspiré du décès du père du réalisateur Dan Scanlon, le film propose une subtile double lecture, entre imaginaire et réalité. En Avant plonge dans la psyché humaine pour explorer les mécanismes de construction de l’enfant évoluant sans la figure du père. À travers les rencontres qu’il fait au cours de l’histoire, le garçon apprend à s’émanciper et à grandir, aux côtés d’un grand frère protecteur.
Le côté fabuleux de l’heroic fantasy apparaît finalement plus comme une fantaisie des studios plutôt qu’un réel point d’ancrage de l’histoire. L'esthétique propre à ce genre désormais en vogue, forme un univers onirique qui semble encourager l'imagination, même si l'histoire aurait pû se passer de créatures fantastiques. En réalité, les personnages imaginaires coexistent avec une population ultra connectée, sans rêve ni désir. Le fantastique n'est donc là que pour rappeller l'absence de vitalité du monde dit "ordinaire". A la manière de Kiki la petite sorcière, qui peine à garder ses pouvoirs lors de son entrée dans le monde adulte, les frères de En Avant tentent de convoquer la magie de leurs ancêtres. Le message du film se dresse alors très clairement : devant les avancées de la technologie, il faut ré-enchanter le monde et apprendre à valoriser ceux qui nous entourent.
Plus particulièrement, le film plonge dans la complexité des relations humaines. Faisant évoluer ses personnages sous un regard tendre, le récit n’est pas sans rappeler la sensibilité de Montres Academy, premier film de Dan Scanlon. Le cinéaste renouvelle donc ici sa capacité à peindre les émotions avec justesse, tout rendant hommage à l’humour caractéristique des studios Pixar.
En Avant, film de Dan Scanlon, produit par les studios Pixar. En salles aujourd'hui.