Cinq cents ans après sa mort, le peintre Raphaël crée la polémique
La plus grande exposition dédiée au peintre de la Renaissance Raphaël s’ouvre aujourd’hui à Rome. Une polémique entoure pourtant l’événement : un des tableaux du maître, conservé à Florence et interdit de déplacement en raison de son extrême fragilité a pourtant rejoint les œuvres exposées. Une décision qui ne fait pas l’unanimité…
Par Margaux Coratte.
Le profit prendrait-il le dessus sur l’enjeu de la conservation du patrimoine ? C’est la question qui semble être au cœur de cette querelle à l’italienne. Alors que l’exposition Léonard de Vinci vient de fermer ses portes à Paris, la rétrospective consacrée à Raphaël, l’autre grand maître de la peinture italienne, agite les experts. Un splendide portrait du pape Léon X, conservé au musée des Offices de Florence, a en effet rejoint l’exposition de Rome, malgré son interdiction de voyager. Un sacrilège pour certains.
Le comité scientifique du musée florentin avait en effet estimé que ce Portrait du pape Léon X avec les cardinaux Giulio de Médicis et Luigi de Rossi, peint entre 1518 et 1519, était trop fragile pour être transporté. Le magnifique tableau fait d’ailleurs partie de la liste des vingt-quatre œuvres non transportables – établie le 9 décembre 2019 par les Offices de Florence –, ce qui n’a pourtant pas empêché Eike Schmidt, le conservateur du musée, de passer outre l’interdiction pour l’envoyer à Rome. Le tableau a donc rejoint la centaine de toiles exposées aux Écuries du Quirinal, entraînant la démission des experts du musée des Offices et la publication d’une tribune de protestation dans le quotidien italien La Repubblica.
“Il est très important que ce tableau soit à Rome car c’était le pape de la paix. C’est une œuvre identitaire qui doit venir à Rome, la ville des papes”, a déclaré l’Allemand Eike Schmidt, voyant dans ce prêt un symbole fort. Raphaël, célèbre malgré sa mort prématurée à 37 ans, était par ailleurs le peintre attitré du pape Léon X, son mécène. Au service de l’Église et du Vatican, il est notamment l’auteur des fresques des loges et chambres pontificales, et a notamment fournit de gigantesques peintures préparatoires pour les tapisseries de la chapelle Sixtine. La présence du tableau rendrait donc hommage à cette étroite collaboration, en dépit des dangers liés à son transport.
L’exposition Raphaël 1483-1520, du 5 mars au 5 juin aux Ecuries du Quirinal à Rome, Italie.