LVMH PRIZE 2022 : ERL, the label that rewrites the American archetypes
Jeudi 24 mars 2022, le Prix LVMH dévoilait la liste des huit finalistes de sa neuvième édition, parmi lesquels Eli Russell Linnetz, fondateur du label ERL, au sein duquel il revisite avec nostalgie les archétypes américains.
Propos recueillis par Léa Zetlaoui.
Si Eli Russell Linnetz est nouveau dans le monde de la mode, son nom est déjà bien connu dans l’industrie musicale américaine et la liste hallucinante et non-exhaustive de ses projets inclue les clips “Famous” et “Fade” pour Kanye West, le décor pour la tournée Enigma de Lady Gaga, la production de musique pour Teyana Taylor, de Kid Cudi et de Kanye West ou encore des photos Polaroïd pour l’ex famille Kardashian-West ou encore des vidéos de campagnes pour Yeezy et Skim. C’est après avoir collaboré avec Rei Kawakubo et Adrian Joffe, notamment autour d’ un T-shirt pour l’ouverture de leur concept-store Dover Street Market à Los Angeles en novembre 2018 que, sur les conseils de ce dernier, le jeune slasheur trentenaire originaire de Venice Beach à Los Angeles, lance son label ERL. Infusées de pop culture et d’un optimisme made in California, les premières pièces ERL questionnent les archétypes américains avec un aspect quasi sociologique qui laisse également poindre une pointe de nostalgie et d’espièglerie.
Quand et comment avez-vous commencé à travailler dans l’industrie musicale?
Pour payer mes frais de scolarité à l’USC School of Cinematic Arts, je travaillais aux départements costumes de l’opéra. C’est durant cette époque que ma passion pour la mise en scène et le costume s’est développée. Après avoir obtenu mon Bachelor of Fine Arts en écriture scénaristique, j’ai surtout travaillé à l’écriture de scénarios – mais j’ai vite senti que mon imagination était trop grande pour rester assis seul dans une pièce à écrire. J’avais plus à exprimer et j’ai commencé à réaliser des courts métrages. Mon travail dans ce domaine m’a rapidement conduit à la réalisation de mon premier clip vidéo, qui était pour Kanye West.
Votre carrière impressionnante comprend des clips pour Kanye West, de la scénographie pour Lady Gaga, de la production pour Teyana Taylor et Kid Cudi ou des campagnes pour Yeezy et Skim. Qu’avez-vous appris en travaillant auprès de ces artistes?
J’ai surtout appris le pouvoir de l’image et comme utiliser le design narratif pour impacter le public, à raconter des histoires, à savoir quand et comment enfreindre les règles et enfin à traduire des idées en art et en produits.
Comment est né votre intérêt pour la mode?
Travailler sur plusieurs tournées avec des artistes a ravivé mon intérêt pour la conception de costumes de théâtre, d’autant que lors de mon expérience dans l’industrie musicale, j’ai eu de nombreux projets en lien avec la mode à travers la photographie, les films de mode, les campagnes et les éditoriaux. Finalement, le monde de la mode m’a intéressé davantage que l’industrie de la musique.
Pourquoi avoir finalement lancé votre marque?
C’est en réalisant une campagne de parfum pour Comme des Garçons que j’ai rencontré Adrian Joffe, Président de Comme des Garçons et fondateur du concept-store Dover Street Market, avec qui j’ai partagé mes envies et idées en matière de mode. Je me suis rapidement associé à lui et à Rei Kawakubo pour lancer ERL et présenté ma première collection complète en 2020.
Comment construisez vous vos collections?
Tout commence avec une histoire, les vêtements viennent après.
Quel est votre premier souvenir mode ?
Dessiner des costumes durant mon enfance.
Dans votre collection, vous avez introduit des archétypes américains qui favorisent une sorte d’anonymat, d’où viennent-ils ? Qu’est-ce qui vous plaît dans ces archétypes et comment vous sentez-vous liés à eux ?
Ce sont des personnages qui sont issus de mon moi intérieur et de mon imagination – ils viennent d’un lieu d’honnêteté et de vérité. Je pense que mon désir d’authenticité et de vérité a trouvé un écho auprès des gens