19 mar 2020

Quand l’art s’invite sur les défilés : Louis Vuitton et Daniel Buren

Dès l’apparition de la haute couture, la mode et l’art ont tissé des liens étroits, comme en témoignent la collaboration d’Elsa Schiaparelli avec Salvador Dali ou encore les robes Yves Saint Laurent en hommage à Piet Mondrian. Depuis une dizaine d’années, la relation entre ces deux disciplines s’intensifie avec pour nouveau terrain de rencontre les défilés de mode. Ainsi, au sein de ces espaces éphémères où sont présentées les nouvelles collections, artistes contemporains et designers signent des installations extraordinaires et mémorables. Aujourd’hui, retour sur le défilé printemps-été 2013 de Louis Vuitton par Marc Jacobs avec une installation de Daniel Buren.

Bien avant qu’il ne mette aux enchères son impressionnante collection d’œuvres d’art, Marc Jacobs manifestait déjà son appétence pour l’art contemporain, notamment à travers ses créations surprenantes réalisées avec des artistes. À juste titre considéré comme l’un des pionniers des collaborations du genre dans l’industrie de la mode et du luxe, celui qui a lancé la première collection de prêt-à-porter du malletier français en 1997 invita en effet à l’occasion de ses défilés pour Louis Vuitton différents artistes à imaginer leurs propres versions de l’iconique sac Speedy, à l’instar de Takashi Murakami, Richard Prince, Yayoi Kusama ou Stephen Sprouse.

 

Pour le défilé printemps-été 2013 de Louis Vuitton, l’artiste Daniel Buren, célèbre pour son installation Les Deux Plateaux – des colonnes rayées noir et blanc installées dans les jardins du Palais Royal – imagine un décor strict dans la cour carrée du Louvre, déclinant le motif damier emblématique de la toile Vuitton en jaune et blanc. Une œuvre radicale, typique du travail de Buren, qui questionne les notions d’espace et de perspective. En écho avec cette installation inédite, les créations aux influences sixties imaginées par Marc Jacobs associent robes trapèzes, coupes droites et souliers à petits talons : leur génie tient au fait que le créateur américain a repris les damiers du plasticien français sur les pièces. En résultent des propositions ultra graphiques tout aussi radicales que le décor. Plus tard, Daniel Buren signera également des vitrines pour Louis Vuitton avant de colorer, en 2016, les 12 voiles en verre du bâtiment de la Fondation Louis Vuitton réalisé par l’architecte Frank Gehry dans le bois de Boulogne.