14 juin 2022

LVMH PRIZE 2022 : RYUNOSUKEOKAZAKI, the Japanese label that elevates couture to spirituality

Jeudi 24 mars 2022, le Prix LVMH dévoilait la liste des huit finalistes de sa neuvième édition, parmi lesquels le créateur japonais Ryunosuke Okazaki qui conçoit des vêtements aux allures de sculptures empreintes de spiritualité

propos recueillis par Léa Zetlaoui.

Lors de la fashion week de Tokyo en août 2021, Ryunosuke Okazaki, fraîchement diplômé en design graphique de l’Université des arts de Tokyo en 2021, lance son label Ryunosukeokazaki avec une première collection tridimensionnelle spectaculaire. S’il affirme avoir puisé dans l’histoire du Japon, en particulier dans la période Jōmon (qui se déroule entre 4 000 et 300 avant notre ère), c’est bien dans la nature et la flore que Ryunosuke Okazaki a trouvé l’inspiration pour composer ces silhouettes avant-gardistes aux couleurs vibrantes desquelles émanent pureté et magnificence mais également des influences empruntées à l’univers de la science-fiction. Quand elles ne sont pas ornées d’imposants pétales enveloppants, les robes Ryunosukeokazaki se déploient en de magnifiques structures formes organiques et futuristes tout en symétrie qui tournoient autour du corps. Questionnant aussi bien le pouvoir protecteur qu’ornemental du vêtement, l’approche expérimentale Ryunosuke Okazaki se situe à la croisée des grands créateurs d’une mode conceptuelle que sont Rei KawakuboIris Van Herpen et Craig Green. 

 

NUMÉRO : Quel est votre premier souvenir de la mode ?

Ryunosuke Okazaki : Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours aimé dessiner et fabriquer des choses. Mon intérêt pour les arts, m’a naturellement conduit vers la mode et par la suite, je me suis de plus en plus impliquée dans ce domaine. Je chéris encore le premier vêtement vintage que j’ai acheté à l’âge de 15 ans.

 

Quels créateurs de mode (vivants ou morts) vous inspirent et pourquoi ?

Je suis toujours émerveillée parles créations de Rei Kawakubo. Je me souviens avoir été choquée lorsque j’ai fait sa connaissance. Je la respecte énormément  pour sa quête constante de nouveauté et d’expression tout au long de l’histoire de sa marque. 

Vous êtes née à Hiroshima, une ville à l’histoire très particulière. Comment le fait d’y avoir grandi a-t-il influencé votre approche de l’art et de la mode ?

Étant née et ayant grandi à Hiroshima, j’ai toujours eu conscience de l’importance de la paix.Ma grand-mère a été exposée aux radiations à l’âge de 7 ans et je suis la troisième génération de survivants. Je vis ma vie en pensant au lien entre les gens, des prières pour la paix au lien entre les gens et la terre. Selon moi, l’art et la mode ont également un message important à transmettre et je continuerai à créer pour transmettre ce message au monde à travers mes œuvres.

 

Saviez-vous, lorsque vous avez commencé à étudier l’art, que c’était pour devenir créateur de mode ?

Dès le début, j’avais en tête d’aborder la mode par son aspect le plus expressif et créatif, c’est pourquoi j’ai étudié d’abord l’art afin d’élargir ma propre capacité d’expression et les possibilités de créer des vêtements. Pour moi, le plus important dans l’expression de soi à travers la confection de vêtements est la recherche de nouvelles possibilités. J’ai pensé qu’il était plus important de continuer à envisager le monde créatif de manière plus large que d’apprendre simplement à fabriquer des vêtements.

 

Comment avez-vous su que le lancement de votre marque juste après l’obtention de votre diplôme était le bon moment ?

En réalité, je crée des vêtements depuis que je suis à l’école et j’ai même pu y organiser mon premier défilé en septembre 2021. Je crée des œuvres d’art depuis longtemps, donc le timing du défilé juste après l’obtention du diplôme était très naturel. 

 

Quelle a été l’inspiration pour votre première collection ?

Mon thème a toujours été la « prière ». Des prières pour la paix aux prières pour la vie, et en abordant ce sujet plus profondément, je suis arrivée à la prière japonaise pour la nature. Pour mes créations, je m’inspire des formes et des décorations qui ont émergé dans l’histoire ancienne de la prière au Japon, comme la poterie Jōmon et le shintoïsme, et lorsque les gens les portent, elles deviennent une forme achevée de prière.

 

Quelle est la signification de cette collection ? Et quel est le but ?

J’ai utilisé mon inspiration qu’est la « prière », dans mes créations puissantes. Je crois que les personnes qui voient ces formes ressentiront quelque chose et enrichiront leur cœur, ne serait-ce qu’un peu. En stimulant l’imagination, on crée un avenir dans lequel les gens peuvent vivre. 

 

Comment avez-vous réalisé ces étonnantes créations tridimensionnelles ? Quelles techniques avez-vous utilisées ?

Les principaux matériaux de mes créations sont des tissus en phase de recherche qui se trouvent dans un entrepôt mis à ma disposition par une entreprise de tissus. En tirant parti de l’élasticité des tricots, les tissus sont courbés en insérant différents types de matériaux de base, qui sont ensuite assemblés pour former la forme de la pièce. Comme je tire parti des caractéristiques du tissu, la forme varie en fonction de l’élasticité et de l’épaisseur du textile Je ne dessine pas de motifs, mais je les crée comme s’il s’agissait de sculptures. L’acte de création lui-même est un acte de prière.

 

Comment envisagez-vous l’avenir de votre label ?

Avant tout, je crois beaucoup à l’art et à la créativité que je fabrique avec mes mains. Je vais donc continuer à créer des œuvres d’art portables. Je n’ai pas encore décidé si je ferai du prêt-à-porter, mais je l’envisage à un moment donné. L’important est de transmettre au monde le message véhiculé par le pouvoir de la création. Ce pour quoi je suis prêt à relever tous les défis.

 

 

www.ryunosukeokazaki.com