9 juin 2020

5 livres qui n’ont pas eu leur chance avec le confinement

Dans l’impossibilité de vendre de nouveaux romans sans passer par Internet, de nombreuses maisons d’édition avaient mis à disposition certains romans, pour continuer à chatouiller la curiosité des amateurs de lecture pendant le confinement. Mais derrière un livre placé sur les étagères d’une librairie, il y a souvent une année entière d’attente pour son auteur, et un savant calcul de la part de l’éditeur qui analyse le moment parfaitement adéquat d’une publication. Découvrez 5 livres qui n'ont pas eu leur chance.

1. Chanson bretonne de J. M. G. Le Clézio

 

Dès son premier roman Le Procès-verbal, publié en 1963 alors qu’il n’avait que 23 ans, Jean-Marie Gustave Le Clézio était couronné du prix Renaudot, l’une des plus prestigieuses récompenses littéraire. Son style proche à ses débuts du Nouveau roman avait lentement évolué vers un onirisme marqué aussi bien par ses nombreux voyages que par ses origines mauriciennes, lui valant même la renommée suprême du Prix Nobel en 2008. Le 12 mars, il resurgissait avec Chanson bretonne, suivi de L'enfant et la guerre aux éditions Gallimard. L’auteur y ressuscite ses souvenirs d’été, passés en Bretagne des années 1940, entre les champs de blé et l’océan, plongeant ensuite son lecture dans l’arrière-pays niçois, où il grandit, peu conscient de la guerre qui éclate autour de lui. À la manière d’Enfance de Natalie Sarraute, Le Clézio nous livre des fragments sauvegardés toutes ces années dans sa mémoires, des bribes de sensations éclairant d’une nouvelle lumière son style qui a toujours été bercé par ses souvenirs d’enfant.

 

Chanson bretonne, suivi de L'enfant et la guerre de J. M. G. Le Clézio, Gallimard.

2. Le pays des autres de Leïla Slimani

 

On ne présente plus Leïla Slimani, lauréate du Goncourt 2016, dont les deux premiers romans, Dans le jardin de l’ogre et Chanson douce, visitent de manière inquiétante les névroses dissimulées d’une bourgeoisie parisienne. Meilleur vente en grand format pendant la période de confinement, Le pays des autres est le troisième roman de l’auteure et le premier d’une trilogie, saga familiale inspirée de l’histoire des grands-parents l’auteure : pendant la Seconde Guerre mondiale, Mathilde, alsacienne, s’éprend d’un jeune combattant algérien de l’armée française. Après la Libération, ils partent tout deux s’installer à Meknès, petite ville de colon, où la jeune émigrée va devoir composer entre solitude, intégration et violences.

 

Le pays des autres de Leïla Slimani, Gallimard.

3. Labyrinthe de Burhan Sönmez

 

Vous avez perdu la mémoire, mais ne craignez rien, elle reviendra avec le temps” : ainsi s'adresse une infirmière à Boratine qui, à peine sorti de l’hôpital, allongé dans son lit, est victime d'une profonde amnésie. On lui dit alors qu’il aurait survécu à une tentative de suicide, après s’être jeté dans le Bosphore. Mais cette chute n’a pas de sens pour ce jeune chanteur de blues, beau et talentueux. En quête de ses souvenirs effacés, Borati pénètre alors dans un long et sinueux labyrinthe, parmi les rues d’Istanbul, dans lesquelles il tente de se retrouver.

 

Labyrinthe de Burhan Sönmez, Gallimard.

4. Vie de Gérard Fulmard de Jean Echenoz

 

Ancien steward forcé de se soumettre à un suivi psychiatrique suite à ses débordements de conduite en plein vol, Gérard Fulmard décide de changer de vie. Il se lance alors à son compte dans une périlleuse carrière de détective privé et découvre l’intérieur sclérosé d’un petit parti politique, où toutes les manoeuvres sont bonnes pour obtenir un bout de pouvoir. Avec cette intrigue loufoque annonciatrice d’un style tout aussi ironique, le dernier livre de l’auteur lauréat du Goncourt en 1999 Jean Echenoz se dérobe sans cesse du schéma conventionnel du roman policier à suspense, proposant une intrigue décalée aux multiples rebondissements.

 

Vie de Gérard Fulmard de Jean Echenoz, Minuit.

5. La Loi du rêveur de Daniel Pennac

 

Chaque matin au réveil, Federico Fellini notait soigneusement ses rêves dans un carnet posé à son chevet. Hommage rendu au réalisateur de La Dolce Vita cité au début de chaque chapitre, Daniel Pennac nous parle de ses rêves et de sa vie, et des liens ténus entre sa vie nocturne et ses romans, bâtis comme des rêves. De son style sans détour et spontané, l’auteur nous balade entre ses songes qui, les uns après les autres, nous dévoilent ses moments intimes.

 

La Loi du rêveur de Daniel Pennac, Gallimard.