3 choses à savoir sur l’extraordinaire défilé de Mary Katrantzou en Grèce
Des créations couture inspirées de la Grèce antique, un temple ancien de presque 25 siècles, des pièces de haute joaillerie et une visée caritative, découvrez tout ce qu'il faut savoir sur le défilé printemps-été 2020 de Mary Katrantzou, l'un des plus beaux spectacles de la saison.
par Léa Zetlaoui.
Le jeudi 3 octobre, c’est aux pieds du temple de Poséidon à Sounion, en Grèce, que Mary Katrantzou présentait sa collection printemps-été 2020. C’est la première fois que ce monument, vieux de près de 25 siècles et situé à 60 mètres au dessus de la mer, accueillait un événement de ce type. Et la première fois également que la créatrice diplômée de la Rhode Island School of Design ainsi que du Central Saint Martins College of Art and Design défilait dans son pays natal. Remarquée à ses débuts il y a onze ans pour ses robes en jersey aux imprimés trompe-l’œil saisissants, Mary Katrantzou a peu à peu développé son vocabulaire à travers des constructions, coupes et ornements plus complexes. Ce défilé printemps-été 2020, apogée de sa première décennie d'activité, confirme la place de Mary Katrantzou dans l’histoire de la mode contemporaine. Voici trois choses à savoir sur cette collection extraordinaire.
1. Des créations exceptionnelles inspirées par la Grèce antique
Ce serait mal connaître le travail de la créatrice que de s’attendre à une transcription littérale de son héritage hellénique. Elle en délivre au contraire une interprétation subtile qui mêle brillamment réflexion sur l’architecture, les mathématiques, la philosophie, l’astronomie et la symbolique, offrant un hommage sans précédent dans l’histoire de la mode à l’âge d’or de la Grèce Antique – aux alentours du Ve siècle avant Jésus Christ. Ainsi le bâton d'Asclépios, symbole universel de la médecine, devient un plastron sur une robe aux franges si souples et ondoyantes qu’elles rappellent les plissés antiques; Pi et ses millions de décimales brodés en noir habillent une robe blanche de centaines de rayures; le symbole de l’univers devient un bustier orné de plumes; une toge entièrement recouverte d’un patchwork de motifs et schémas semble détenir le savoir universel; une autre robe entièrement perlée et strassée évoque le ciel et ses constellations; les complexes théories géométriques créent des motifs abstraits mystérieux; enfin, la carte de la Grèce se déploie sur une robe de bal recouverte de fleurs. Chacune de ses pièces aux coupes ambitieuses rassemblent des trésors de savoir-faire en terme de broderies et ornements, dont le style renvoie directement aux imprimés kaléidoscopiques qui ont fait la notoriété de la créatrice.
2. Des pièces de joaillerie signées Bulgari et des souliers Ancient Greek
Pour accompagner les 38 créations couture sorties tout droit de l'imagination de Mary Katrantzou, il fallait des pièces de joaillerie tout aussi précieuses. Mary Katrantzou a ainsi fait appel à la maison Bulgari, fondée à Rome en 1884 par l'orfèvre grec Sotírios Voúlgaris. Pour le défilé printemps-été 2020 de Mary Katrantzou, 33 pièces, parmi lesquelles des colliers, bracelets et paires de boucles d'oreilles en or sertis de pierres précieuses et semi-précieuses, proviennent des collections de haute joaillerie – en particulier les fameuses Serpenti et Fiorever ou la récente Cinemagia – et la ligne Héritage de la maison romaine. Mary Katrantzou et la directrice créative de Bulgari, Lucia Silvestri, ont également conçu à partir d'une pièce de monnaie antique un collier serti de rubis, saphirs et diamants. Pour les souliers, Mary Katrantzou a fait appel au label Ancient Greek, qui utilise des techniques traditionnelles et un cuir naturel dans sa conception de sandales plates fabriquées à la main.
3. Un défilé caritatif pour l'association Elpida, qui soutient les enfants atteints du cancer en Grèce
Si Mary Katrantzou réussit brillament à conjuguer passé et présent dans une collection sophistiquée, surréaliste et spirituelle, la raison de sa présence en Grèce pour cette collection donne un sens encore plus important à sa démarche : collecter des fonds pour les 30 ans de l'association Elpida qui soutient les enfants atteints du cancer en Grèce. C'est en effet à la demande Madame Marianna Vardinogiannis, philanthrope et fondatrice de l'association, que la créatrice grecque défile pour la première fois dans son pays d'origine. Grâce à l'association, 3 enfants sur 4 atteints d'un cancer en sont guéris. À la fin du défilé, Mary Katrantzou et Madame Marianna Vardinogiannis, emplies d'émotion et accompagnées de plusieurs enfants, sont venus saluer les invités et donateurs.