20 oct 2017

Malick Sidibé, l’œil de Bamako à la Fondation Cartier

La rétrospective lumineuse de la Fondation Cartier rend un vibrant hommage au photographe malien Malick Sidibé jusqu’au mois de février 2018. Un an après la mort de l’artiste, Mali Twist présente plus de 250 images d’un reporter de l’insouciance que l’on surnommait  l’œil de Bamako.

Avec Mali Twist, la Fondation Cartier met à l’honneur une œuvre riche mais surtout un style intuitif, celui de Malick Sidibé, de ses portraits sur fond neutre à une odyssée le long du fleuve Niger où résonnent les rires et la musique des enfants. Cette rétrospective dévoile plus de 250 clichés dont la célèbre série des soirées bamakoises qui lui valurent le surnom de reporter de la jeunesse. L’insouciance, la désinvolture, Sidibé les a côtoyées avant de les capturer. Face à son objectif : de jeunes modèles flegmatiques en pattes d’eph, de faux agents du FBI de dos (1974), des pique-niques insouciants mais surtout des soirées endiablées rythmées par les cuivres de James Brown. Il s'agit de la plus vaste exposition consacrée à l'artiste, Sidibé a su “ saisir les instants magiques d’une jeunesse moderne qui vit son indépendance, la liberté. Il estt considéré comme un maître par les plus jeunes comme Omar Victor Diop. (photographe sénégalais) ” raconte André Magnin commissaire de l’exposition.

 

Né en 1935 à Soloba un village du sud de Bamako, Malick Sidibé rêve d’être dessinateur. Son talent lui ouvre les portes de l’école des artisans soudanais de Bamako, il y obtient son diplôme en 1955. Sept ans plus tard, la capitale malienne s’éveille et découvre le “studio Malick”. Désormais photographe, Malick Sidibé s’implique dans la vie socio culturelle de la ville jusqu’à en devenir une figure incontournable. Timide, généreux, souriant, il est un invité de prestige et couvre les soirées d’une jeunesse explosive. Il assiste ainsi à l’arrivée de la mode occidentale sur le continent africain que s’approprient les jeunes dandys noirs aux allures de rockeurs. Son art de prédilection : le portrait. Le studio Malick ne désemplit pas : “J’étais obligé de plaire : les films et développements sont coûteux ici au Mali ! J’ai vu des photographes qui laissaient faire le modèle et ne produisaient pas de belles poses… Tout le monde venait alors à mon studio du coup” expliquait le photographe. Première reconnaissance en 1994 lorsque les organisateurs des Rencontres Photographiques de Bamako décident d’exposer son travail. Quelques années plus tard, en 2003, Malick Sidibé est le premier artiste africain à recevoir le prix international de la photographie Hasselblad. La même année, la Biennale de Venise, le consacre avec un Lion d’or, le “photographe du bonheur” est adoubé.

 

Première exposition photographique de Malick Sidibé hors du continent africain depuis 1995, Mali Twist survient un an après la mort du photographe le 14 avril 2016. Référence à la chanson de l’artiste malien Boubacar Traoré (1963), l’exposition invite en réalité la musique africaine tout entière à la Fondation Cartier à travers les soirées nomades : musiciens et penseurs maliens dialoguent avec l’œuvre du photographe emblématique Malick Sidibé. Cette rétrospective est un vibrant hommage à l’œil de Bamako et à ses photographies intemporelles.

 

Exposition Malick Sidibé, Mali Twist, du 20 octobre 2017 à février 2018, Fondation Cartier pour l’art contemporain. Ouvrage d’accompagnement conçu et dirigé par André Magnin en collaboration avec Brigitte Ollier.