L’actrice Gal Gadot dévoile le grand gagnant du prix LVMH 2023
À la Fondation Louis Vuitton, l’actrice israélienne Gal Gadot et la chanteuse chinoise Xin Liu ont annoncé ce mercredi 7 juin les trois lauréats du prix LVMH 2023. Numéro fait le point.
Par La rédaction.
3. Julie Pelipas, co-gagnante du prix Karl Lagerfeld avec sa marque Bettter
Seconde lauréate du prix Karl Lagerlfed avec son label Bettter, Julie Pelipas se distingue des autres marques de mode finalistes de ce prix LVMH 2023 par bien des singularités. La créatrice elle-même confiait dans une interview à Numéro qu’elle ne se considérait “pas comme une créatrice mode classique mais plutôt comme précurseuse avec ce système que je construis. […] Pour nous, c’est primordial que l’industrie nous ouvre ses portes et j’ai considéré que le prix LVMH serait un moyen idéal d’être reconnue et de pouvoir engager le chantier”. Grâce à cette récompense, son objectif semble déjà presque atteint.
Cofondatrice des éditions ukrainiennes de Harper’s Bazaar (2008) et Vogue (2013), rien ne prédestinait Julie Pelipas a faire partie des neuf créateurs de mode finalistes du prix LVMH 2023. Pour Numéro, la styliste ukrainienne raconte la création de Bettter, sa plateforme d’upcycling révolutionnaire, et son engagement vers une mode durable et éthique. Les collections de vêtements qu’elle imagine depuis le lancement de sa marque en 2019 regorgent de créations radicales et minimalistes exclusivement fabriquées à partir de deadstocks et produites localement. Humble, engagée et résolue, la créatrice ukrainienne compte bouleverser l’industrie de la mode et ne recule devant aucun obstacle pour accomplir sa mission et faire entendre sa voix. Que la révolution commence.
Sur les 2 400 candidats ayant concouru au prix LVMH 2023, 22 avaient été sélectionnés pour présenter en personne leurs créations au jury du prix, le temps d’un showroom organisé en mars pendant la dernière Fashion Week. Italie, Ukraine, France, Jamaïque, États-Unis, Canada, Japon… originaires des quatre coins du monde, les neuf candidats retenus pour la finale représentent, pour la directrice générale adjointe de Louis Vuitton, Delphine Arnault, “l’avenir de la création”. Mais ce mercredi 7 juin 2023, seuls trois lauréats ont obtenu des récompenses, très convoitées dans le milieu de la mode.
À la lisière du bois de Boulogne, l’actrice israélienne Gal Gadot et la chanteuse chinoise Xin Liu remettaient à la Fondation Louis Vuitton les prestigieuses récompenses de la 10e édition du prix LVMH. Le verdict, délivré par un jury d’exception – composé entre autres de Jonathan Anderson (JW Anderson et Loewe), Maria Grazia Chiuri (Dior femme) ou encore Nicolas Ghesquière (Louis Vuitton femme) – a finalement récompensé trois finalistes à travers deux prix. Pour cette édition 2023, c’est le créateur japonais Satoshi Kuwata avec son label Setchu qui est couronné grand gagnant du prix LVMH. La victoire lui assure ainsi de belles perspectives d’évolution : il se voit allouer la somme de 300 000 € mais également un accompagnement dans son processus de création par le groupe LVMH.
Si lors de la précédente édition du prix LVMH, le producteur de musique et fondateur du label ERL, Eli Russell Linnetz, avait été l’un des lauréats du prix Karl Lagerfeld (ancien prix spécial du jury, renommé en 2019 en hommage au couturier disparu), c’est cette année le créateur italien Luca Magliano avec son label subversif Magliano qui remporte la somme de 200 000 euros. Seconde révélation de ce prix, la créatrice Julie Pelipas reçoit, pour son label Bettter, un soutien financier de 200 000 € ainsi qu’un accompagnement pour une durée d’un an.
1. Setchu par Satoshi Kuwata, premier prix LMVH 2023
“Je fais partie des imbéciles qui se sont lancés dans quelque chose de nouveau pendant la pire période de notre époque. […] Pourtant, étonnamment, je n’étais pas inquiet pour l’avenir. Je croyais vraiment en ce que je faisais”, confiait Satoshi Kuwata à Numéro le mois dernier. Une confiance en sa destinée, qui l’a guidé jusqu’à la première place du prestigieux prix LVMH 2023 ce mercredi 7 juin. Table basse en verre de l’artiste Isamu Noguchi, chaise longue de la designer Charlotte Perriand, service à thé de la céramiste Lucie Rie… En parcourant le compte Instagram de Setchu, il ne faut pas longtemps pour saisir les inspirations du label fondé à Milan en 2020, et de son créateur Satoshi Kuwata. À l’image de ces figures majeures de l’art et de la création, le Japonais est guidé depuis des années par son désir de syncrétisme entre les cultures et savoir-faire de l’Orient et de l’Occident, reflet de son propre parcours.
Nourri par ses années passées à Kyoto, Londres, Paris et New York, et son expérience auprès des créateurs Gareth Pugh et Kanye West ou de la maison Givenchy, le créateur a développé une mode sobre mais affûtée, où se mêlent aussi bien sa maîtrise de la coupe et du tailleur apprise à Savile Row que son approche ultra précise de la construction et du patronage, inspirée par l’art de l’origami et la géométrie. Au fil de ses collections, cette démarche du label se matérialise dans des pièces modulables alliant confort et précision. Celles-ci jouent sur la fluidité des matériaux et leur nouage, assemblage à l’aide de boutons, superpositions, et plissages qui structurent les corps par des lignes fortes, comme une feuille de papier que l’on aurait pliée à plusieurs reprises. Les yeux tournés vers l’avenir, et la planète Mars, Satoshi Kuwata revient sur sa passion pour la pêche et le vêtement, et les origines de Setchu – mot qui, en japonais, signifie “compromis”.
2. Luca Magliano, co-gagnant du prix Karl Lagerfeld
“Libertaires, queer et éminemment italiennes”, c’est en ces termes que Luca Magliano résume l’essence de ses créations. Lauréat, avec Julie Pelipas, du prix Karl Lagerfeld, Luca Magliano déborde de joie, mais garde néanmoins la tête sur les épaules. Lors de sa rencontre avec Numéro, il expliquait : “Nous devenons plus visibles à l’international, en dehors du petit milieu en Italie où nous commençons à nous faire un nom. Mais rien n’a changé dans notre façon de travailler. C’est génial !” Et son succès ne fait que commencer.
Avec son label Magliano, c’est d’abord cet aspect « libertaire » qu’il citait un peu plus haut, qui nous saute aux yeux. Dans la coupe de ses vêtements – souvent très ample et déconstruite -, dans leurs couleurs (du sable au gris en passant par le kaki) et jusqu’à sa manière de les mettre en scène lors de ses défilés (dans des lieux underground et souvent oubliés). Une manière de créer que Luca Magliano a acquis en se formant directement dans l’un des nombreux ateliers spécialisés dans la technique de la maille dans la région rurale de l’Émilie-Romagne. Depuis, il ne cesse de réinventer, au fil des saisons, un vestiaire masculin minimaliste et parfois inspiré d’œuvres cinématographiques italiennes auxquelles il est très attaché. Et s’il cite parmi ses créateurs fétiches, Franco Moschino (le créateur du label Moschino) pour son ironie et son sens de l’humour, rien ne semble s’inscrire dans la tradition d’une mode italienne glamour et flamboyante à la Versace et Dolce & Gabbana.